Le voile intégrale et les valeurs universitaires
Mon présent papier propose d’interroger l’impact du voile intégral dans la gestion des conflits idéologiques et les enjeux intellectuels et politiques qui ont affectés le milieu universitaire tunisien après 2011. Sans doute, la problématique du voile remonte à des époques lointaines et des contextes diverses où le statut et l’image de la femme Tunisienne suscitait un débat politique et sociétal profond. D’une interdiction ferme, dans les établissements publics et les espaces médiatiques, à une visibilité évolutive et pacifique, au cours des dernières années du régime de Ben Ali, la question du voile reprend le dessus de la scène publique et politique le lendemain du 14 janvier 2011. Bien que la tenue soit normalisée et banalisée socialement, le voile intégrale, le niqab, à l’Université a suscité une controverse et un débat public. L’affaire du niqab a divisé l’opinion publique entre ceux qui s’accrochent à la neutralité de l’université de toutes idéologies, défendant une approche laïque du savoir et préservant les pratiques pédagogiques, et ceux qui considèrent le voile intégrale une affaire de liberté individuelle et une conviction religieuse. L’université tunisienne a vécu pendant quelques années, (l’époque du régime islamiste), des perturbations considérables, (sit-in, arrêt de cours, violences, confrontation entre islamistes et laïcs) sans que le ministère de tutelle prenne une décision tranchante dans cette affaire. En effet, les universitaires et les intellectuels ont résisté face l’infiltration de l’idéologie islamiste et à la manipulation des partis politiques à des degrés variés. Actuellement un parti politique propose d’interdire le port du niqab dans l’espace public. Nous tenons à répondre aux interrogations suivantes : Quelles sont les significations du savoir et des valeurs universitaires des étudiantes « niqabées »? Quelles sont leurs pratiques dans le milieu universitaire ? Quelles sont les stratégies collectives et individuelles des différents acteurs : dans la lutte de la préservation de la neutralité de l’université ou dans l’imposition des convictions religieuses et idéologiques?